Édouard Cœurdevey à la Croix-Morel
Dans ses carnets de guerre, Édouard Cœurdevey évoque son passage dans la forêt de Retz où il séjourna lors des premiers mois du conflit. Il y évoquait, lors de courts passages, son amour platonique pour l'une des filles du poste de la Croix-Morel, une maison forestière qui existe toujours.
Dans un billet d'août 2015, j'évoquais la passionnante lecture des carnets de guerre d'Édouard Cœurdevey que la guerre a mené dans les trois départements picards. Son passage, lors des premiers mois du conflit, dans la région de Villers-Cotterêts, où j'ai vécu par le passé, m'avait particulièrement intéressé et lors d'un séjour dans la région, à l'automne 2015, j'ai poussé ma promenade jusqu'à la Croix-Morel, lieu d'un amour platonique entre Édouard et une mystérieuse jeune fille.
La maison forestière de la Croix-Morel existe toujours et a très certainement conservé l'aspect qu'elle avait lorsque Édouard Cœurdevey l'a découverte en septembre 1914. Il en fait mention, pour la première fois, le 30 de ce mois là, jour où il apprit que son frère Julien, qui combattait dans la région, avait survécu à de terribles combats. Son émotion était telle qu'il aurait embrassé tous les occupants du poste de la Croix-Morel, y compris les filles du forestier.
L'une d'elles, dont on ne connaît le prénom, si ce n'est qu'il commençait par un B, belle et passionnée, avait des yeux si cajoleurs qu'un amour s'était petit à petit installé dans son cœur, comme il l'avouait le 15 mars 1915. De cet amour, on ne sait pas grand chose si ce n'est qu'il lui fera ses adieux un an plus tard, le 10 mars 1916, quelques jours avant son affectation au 235ème RI. Des adieux déchirants pour ceux de la Croix-Morel comme pour Édouard Cœurdevey.
Un amour platonique lors de la Grande Guerre
Un siècle plus tard, la Croix-Morel est toujours là, au milieu de la forêt de Retz, au bord de la D973, mais de ses occupants d'alors, plus aucune trace. Qu'est devenue la belle jeune fille ? Impossible de le savoir avec si peu de renseignements à son sujet. A-t-elle survécu aux durs combats de l'été 1918 lors de l'une des dernières offensives allemandes de la guerre ? A-t-elle survécu à la terrible grippe espagnole qui a durement frappé la population par la suite ? Malheureusement, il est impossible de le savoir.
Un billet publié dans la catégorie Lectures de guerre avec le tag Aisne 14-18 - Source photographique © Alain Pouteau