Le cimetière communal de Colincamps se trouve au sud du village, au bord de la D129 menant à Mailly-Maillet, et contient un petit carré militaire avec les tombes de 9 Néo-Zélandais, tous identifiés, du Canterbury Regiment, NZEF, morts les 23 (pour cinq d'entre eux), 24 et 27 avril (pour deux d'entre-eux) ainsi que le 25 mai 1918 lors des combats qui opposèrent les troupes néo-zélandaises aux Allemands dans le secteur de Colincamps.
Avec le déclenchement de l'opération Michael, le 21 mars 1918, les Allemands mirent en déroute les Britanniques et avancèrent dangereusement dans la Somme, vers Amiens. Envoyés en renfort pour tenter de stopper cette avancée, les Néo-Zélandais entrèrent au contact de l’ennemi le 26 mars au nord d'Albert et à la limite de la Somme et du Pas-de-Calais, dans un secteur délimité par les communes de Mailly-Maillet, Bertrancourt et Colincamps, une zone couvrant un peu plus de 6 km². Les troupes néo-zélandaises subirent alors d'intenses bombardements d'artillerie (le 28 mars, le général de brigade Harry Fulton, chef d’état-major, fut tué dans la destruction de son quartier général - photo 2, prise deux jours plus tard) mais les Néo-Zélandais tinrent bon et réussirent à faire reculer les Allemands jusqu'au 5 avril, au cours de violents combats comme ceux de la sucrerie de Mailly-Maillet et du cimetière d'Euston road à Colincamps qui marqua la limite de leur avancée dans le secteur.
Parmi les autres tombes de ce cimetière, on peut remarquer celle des frères Corroler (photo 3), tous deux nés dans des contrées françaises lointaines mais originaires de Bretagne, l'un comme l'autre étant passé par le bureau de recrutement de Lorient (Morbihan). Le plus âgé, Charles Coroller, né le 3 août 1888 à l'île Nou, en Nouvelle-Calédonie, était adjudant au 6ème régiment d'infanterie coloniale et fut tué le 26 juillet 1918 dans le secteur de Mailly-Raineval, au sud-est de Moreuil, dans la Somme, quelques jours avant la contre-offensive alliée du 8 août qui allait devenir le jour de deuil de l'armée allemande. Quant au plus jeune, Henri Coroller, engagé volontaire né le 14 juillet 1897 à l'île Saint-Joseph, en Guyane, il était soldat au 65ème régiment d'infanterie et fut tué le 7 juin 1917 à Hébuternes, dans le Pas-de-Calais, à trois kilomètres de là. Est-ce pour cette raison que les deux frères sont inhumés ici, Henri après son décès et Charles à ses côtés après guerre ?
On trouve également, dans ce cimetière, d'autres tombes de soldats de la Grande Guerre comme celle de Pierre Grare (photo 4), né le 16 juillet 1896 à Amiens, soldat au 31ème RI passé par le bureau de recrutement de Rouen, tué le 14 septembre 1916 à Bouchavesnes, à 26 km de Colincamps, même si la plaque sur sa tombe indique qu'il a été porté disparu. Enfin, deux artilleurs du 28ème RA tués à Colincamps en octobre 1914 reposent également ici. Le lieutenant Georges Mancéron, né le 8 novembre 1885 à Chateauroux (Indre), mort le 5, et le sous-lieutenant Gaston Camps, né le 1er janvier 1890 à Vannes (Morbihan), mort le 13.
Alain Pouteau - Publié
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