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La première utilisation de chars français

Le lundi 16 avril 1917

C'est au premier jour de l'offensive Nivelle, sur le chemin des dames, que furent engagés pour la première fois les chars d'assaut Schneider et Saint-Chamond

Picardie 14-18ComprendreLa Grande Guerre en Picardie ⟩ La première utilisation de chars français

La première utilisation de chars français

Le lundi 16 avril 1917

C'est au premier jour de l'offensive Nivelle, sur le chemin des dames, le 16 avril 1917, que furent engagés pour la première fois les chars d'assaut français. Des Schneider et des Saint-Chamond dont le point de départ se situait dans le secteur de Berry-au-Bac. Sur les cent vingt-huit chars engagés ce jour là, cinquante-deux furent détruits par l'artillerie et vingt-et-un tombèrent en panne.

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C'est le 16 avril 1917 que, pour la première fois, l'artillerie d'assaut française fut engagée sur le front. Dans le cadre de l'offensive Nivelle du Chemin des Dames, cent-vingt-huit chars Schneider (photo 3), répartis en deux groupements, participèrent à cette attaque.

Embarqués sur voie ferrée à Champlieu, à la lisière de la forêt de Compiègne, là où se trouvait le camp d'entraînement de cette arme nouvelle, le 11 avril, les engins furent rassemblés à l'ouest et au sud-ouest de Cuiry-les-Chaudardes, village proche des zones d'engagement.

Le groupement le plus important était celui du commandant Bossut (photo 1, prise devant son char avant la bataille), composé de cinq groupes (le groupe étant l'unité tactique, il se composait de quatre batteries à quatre chars ; chaque groupement étant également doté d'une section de ravitaillement et de réparations composée de deux Schneider, deux Saint-Chamond (photo 2) non-armés et de deux Baby-Holt), pour un total de quatre-vingt chars. Ce groupement quitta, à six heures trente, soit une demi-heure après l'heure H, sa position d'attente, à proximité d'un pont sur le ruisseau de Beaurepaire, et progressa en une seule colonne, longue de deux kilomètres, sur la route de Pontavert-Guignicourt. La tête de cette colonne parvint, à huit heures, au pont de la Miette, petit cours d'eau serpentant au nord de Berry-au-Bac, sous le feu de l'artillerie lourde allemande et perdit là son premier char. Vers dix heure quinze, les premiers chars atteignirent la ferme du Choléra. De là, le groupement se fractionna en deux colonnes : trois groupes entre la route de la ferme du Choléra à Guignicourt et la Miette ; deux groupes de l'autre côté de cette même route.

Le groupement Chaubès, composé de quarante-huit chars, dont huit s'embourbèrent au cours du trajet et ne purent participer à l'attaque, répartis en trois groupes, quitta sa position d'attente, dans les bois de Beaumarais, à six heures vingt et progressa en une seule colonne dans le secteur de la ferme du Temple. A six heures cinquante, sous le bombardement ennemi, la colonne fut arrêtée sur la dernière tranchée française, où le passage prévu n'était pas encore terminé, et perdit, à cette occasion, ses deux premiers chars. A sept heures quinze, ses éléments de tête parvenaient face à la première ligne de tranchées allemande.

Une journée sanglante pour les équipages de l'artillerie d'assaut

Tout comme l'offensive à laquelle il s'incorporait, ce premier engagement des chars fut un échec. Avec des engins peu maniables et trop vulnérables, souffrant des postes d'observation allemands qui les avaient très vite repérés, manquant d'un effet de surprise indispensable à sa réussite, il sera toutefois riche d'enseignements et deviendra la base des victoires futures.

Tout comme l'infanterie, ce 16 avril 1917 fut, pour ces pionniers, une journée cruelle et sanglante. Sur les sept-cent-vingt officiers et hommes d'équipage de l'artillerie d'assaut, cent-quatre-vingt furent tués, blessés ou portés disparus. Parmi les tués, l'emblématique commandant Bossut, le chef admiré, dont le char fut touché par un obus, inhumé, le 18 avril, par ses hommes, dans le petit cimetière de Maizy. Du point de vue matériel, cinquante-deux chars furent touchés par l'artillerie ennemie (trente-cinq ayant pris feu) : quinze par tir direct et trente-sept par tir indirect (obus, souvent tirés par l'artillerie lourde, explosant dans leur voisinage et entraînant leur arrêt). Et vingt-et-un appareils furent immobilisés par panne, quelle soit mécanique ou de terrain (comme l'enlisement).

Une journée sanglante pour les équipages de l'artillerie d'assaut
Convoi de chars Schneider en 1917 © Wikipedia

Crédits photographiques © Wikipedia

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