Découvrir le Chemin des Dames

Le chemin des Dames est surtout lié, dans la mémoire collective, au gâchis de l'offensive Nivelle du 16 avril 1917 mais dès septembre 1914, après la bataille de la Marne, des combats s'y déroulèrent lorsque les Allemands y creusèrent les premières tranchées sur un plateau qu'il ne durent abandonner qu'en novembre 1917 avant de le reconquérir en moins de cinq heures le 27 mai 1918.

Avant la Grande Guerre, le chemin des Dames débutait à hauteur de la ferme Vaurains, au lieu-dit de l'Ange Gardien, là où s'éleva en 1924 un calvaire qui en marquait l'entrée occidentale *, et se terminait à Corbeny après être passé par Craonne. C'était surtout un vaste plateau culminant, là où passait le chemin, à 190 mètres de haut en moyenne et 200 mètres pour le plateau de Californie, au pied duquel s'étaient nichés quelques villages comme Jouy, Filain, Courtecon, Vendresse-et-Troyon, Ailles, Vauclerc, La Vallée Foulon, Oulches, Craonnelle et Craonne. Sur le plateau lui-même on trouvait essentiellement des fermes (La Malmaison, Le Panthéon, Saint-Martin, Les Bovettes, La Royère, Malval, La Creute, Hurtebise) et le moulin de Vauclerc.

Après la bataille de la Marne, c'est sur ce plateau que les Allemands, dont les troupes battaient en retraite, creusèrent leurs premières tranchées et où eurent lieu les premiers combats, dès le 13 septembre 1914, contre les Français mais aussi les Britanniques, qui se trouvaient alors dans le secteur de Vendresse-et-Troyon et Cerny-en-Laonnois avant de quitter l'Aisne le 16 octobre. A l'automne, tout le Chemin des Dames était alors aux mains des troupes du Kaiser à l'exception des fermes d'Hurtebise et de la Creute qui furent finalement capturées les 25 et 26 janvier 1915. A l'arrière de la batisse principale de cette ferme de la Creute se trouvait d'ailleurs une carrière qui allait surtout être connue par la suite sous le nom de la Caverne du Dragon. Aménagée par les Allemands, ces derniers furent cependant contraints d'y cohabiter avec les Français pendant quatre mois après des combats ayant eu lieu en juin et juillet 1915. Après cet épisode, et jusqu'en 1917, le Chemin des Dames resta une position que les Allemands allaient profondément organiser et fortifier.

* Si le calvaire de l'Ange Gardien n'a pas été déplacé, le passage en deux fois deux voies de la Nationale 2 a modifié cette entrée du Chemin des Dames avec la mise en place d'un échangeur.

L'offensive Nivelle du 16 avril 1917

Si le nom du Chemin des Dames reste aussi présent dans la mémoire collective c'est surtout pour le gâchis humain que représente l'offensive Nivelle du 16 avril 1917. L'objectif était d'atteindre Laon, située à une quinzaine de kilomètres au nord, à l'issue de la journée. Un objectif totalement surréaliste tant les conditions de l'attaque étaient inhumaines puisqu'il fallait, pour les Français, franchir les pentes boueuses du plateau par un temps exécrable et sous le tir de défense fortifiées toujours intactes. Même si plusieurs batailles localisées et successives furent couronnées de succès au cours des semaines qui suivirent (Craonne le 4 mai, Moulin de Laffaux le 6 mai, caverne du Dragon le 25 juin) et forcèrent les Allemands à abandonner le chemin des Dames le 2 novembre 1917, à l'issue de la bataille de la Malmaison qui prit fin le 25 octobre, la perte de 200 000 hommes entre le début de l'offensive et la capture de la caverne du Dragon est un immense gâchis qui expliqua en partie les mutineries qui débutèrent dès le 2 mai.

Quelques mois plus tard, le 27 mai 1918, en moins de 5 heures, les Allemands reprirent le chemin des Dames, où les Britanniques venaient de revenir pour la première fois depuis l'automne 1914 dans un secteur jugé calme, lors de l'opération Blücher-Yorck qui les mena, en moins d'une semaine, jusqu'à la Marne, menaçant alors Paris. Après la contre-offensive du général Mangin, lancée le 18 juillet depuis la forêt de Villers-Cotterêts, le terrain perdu fut reconquis progressivement contre des Allemands qui se battaient avec détermination et ainsi, le 14 septembre, le moulin de Laffaux fut repris et le fort de la Malmaison deux semaines plus tard. Finalement, c'est le 13 octobre 1918 que le général Mangin entra dans Laon au moment où les Italiens prenaient la partie est du chemin des Dames.

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